Les logos ne sont pas de simples symboles. Ils portent des histoires, des idées et des héritages—parfois de manière subtile. Si notre logo vous semble familier, c'est parce qu'il s'inspire de l'un des signes les plus emblématiques du design canadien : le logo du CN Rail. Conçu par Allan Fleming en 1960, il était bien plus qu'un simple emblème ferroviaire. Il incarnait une nouvelle façon pour le Canada de se présenter au monde—une approche qui valorisait la simplicité, la modernité et le mouvement.
Les années 1960 ont marqué un tournant pour le design canadien. Dans l’architecture, l’identité graphique, le design industriel et les infrastructures, une nouvelle ère de modernisme émergeait—mettant l’accent sur des lignes épurées, des formes fonctionnelles et un rejet de l’excès. C’était une époque où le Canada définissait son identité visuelle, non seulement sur son territoire, mais aussi sur la scène internationale.


Habitat 67, Montréal 1967 & Catton House, Vancouver 1967
En architecture, les idéaux modernistes redéfinissaient les horizons urbains et les espaces de vie. L’Expo 67 de Montréal est devenue une vitrine mondiale du design futuriste, mettant en avant le dôme géodésique de Buckminster Fuller et Habitat 67 de Moshe Safdie, une expérimentation modulaire qui repoussait les limites de l’habitat urbain. Le Toronto-Dominion Centre, achevé en 1967, a introduit au Canada le style international épuré de Mies van der Rohe, tandis que le Centre national des Arts d’Ottawa incarnait l’essor du brutalisme, un mouvement valorisant le béton brut et les formes géométriques audacieuses. Même l’architecture résidentielle s’appropriait le modernisme—Catton House (1967), conçue par Arthur Erickson et Geoffrey Massey à West Vancouver, illustrait parfaitement l’intégration harmonieuse de l’architecture dans son environnement naturel.


Logo de l’Office national du film, 1968-2002 & Logo d’Air Canada, 1965-1987
Mais cette révolution du design ne se limitait pas à l’architecture. Les mêmes principes modernistes influençaient également le design graphique. Le gouvernement fédéral lança un programme national de design visant à créer une identité visuelle cohérente et épurée pour ses agences, donnant naissance à certains des logos les plus emblématiques de l’histoire canadienne. Dans les années 1960, l’Office national du film adopta son audacieux logo man-seeing, un design minimaliste mais évocateur symbolisant la narration à travers une perspective canadienne. Au même moment, Air Canada modernisait son image avec un mot-symbole épuré, abandonnant ses caractères traditionnels à empattement au profit d’un style plus simple et international.


Train LRC de VIA Rail & Canadair CL-215 (avion bombardier d’eau)
Le design industriel évoluait lui aussi. Les projets de transport et d’infrastructure étaient repensés avec la même clarté de forme que l’architecture. Canadair (aujourd’hui intégré à Bombardier) était à l’avant-garde de la conception d’avions aérodynamiques et efficaces, notamment avec le CL-215, un bombardier d’eau emblématique qui incarnait l’esthétique fonctionnelle de l’époque.
Dans le domaine ferroviaire, les trains LRC (Light, Rapid, Comfortable) de VIA Rail, développés à la fin des années 1970, appliquaient les principes du modernisme au voyage à grande vitesse. Avec leurs locomotives profilées et leur technologie d’inclinaison active, les trains LRC étaient conçus pour circuler plus efficacement sur les infrastructures ferroviaires existantes, réduisant les temps de trajet sans nécessiter de modifications majeures des voies. Leur conception répondait directement aux besoins de vitesse, d’efficacité et de confort, s’inscrivant dans une approche globale visant un design épuré et fonctionnel.
Dans toutes les disciplines, le design canadien évoluait dans la même direction—vers plus de clarté, de fonctionnalité et d’intemporalité. Le logo du CN Rail, créé en 1960, n’était pas un cas isolé ; il faisait partie d’un mouvement plus vaste, reflétant l’évolution du design à travers tout le pays.

Au cœur de cette transformation, Allan Fleming fut chargé de repenser le logo des chemins de fer nationaux du Canada. Plutôt que de s’appuyer sur une typographie à empattement traditionnelle ou une imagerie ferroviaire littérale, il créa quelque chose de radical : une ligne continue, ininterrompue, formant les lettres CN en un seul geste fluide. Épuré, dynamique et en mouvement, ce design s’inscrivait parfaitement dans l’élan moderniste qui redéfinissait le pays à l’époque.
L’approche de Fleming ne se limitait pas à l’esthétique. Il croyait en un design intemporel, capable de traverser les générations sans perdre sa pertinence. Le logo du CN n’était pas une réponse aux tendances passagères, mais une quête d’essence et de simplicité absolue. Plus de soixante ans plus tard, il demeure inchangé.

Nous voulions un symbole avec cette même clarté. Un signe qui, à l’image du meilleur design canadien des années 1960, soit fonctionnel, adaptable et conçu pour durer. Cette philosophie guide aussi notre approche du vêtement : éliminer le superflu, perfectionner l’essentiel et créer des pièces qui traversent les environnements et les années, et non seulement les saisons.
Le mouvement du design canadien mid-century n’était pas une question de tendances, mais de résoudre des problèmes avec élégance et efficacité. C’est cette approche qui guide tout ce que nous faisons—qu’il s’agisse de la conception de nos vêtements ou de la façon dont nous nous présentons.
Notre logo n’est qu’un petit élément de cette histoire. Un détail dans un ensemble plus vaste. Mais, comme tout ce que nous concevons, il a été pensé avec intention.